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Disparition de Louis Cane

Disparition de Louis Cane

Dimanche 3 novembre 2024, Louis Cane, artiste peintre, sculpteur et designer de mobilier et d’objets décoratifs a disparu. Née à Beaulieu-sur-Mer le 13 décembre 1943, Louis Cane, est parti soudainement ce week-end, alors qu’il faisait son parcours sportif dans ce bois de Boulogne qu’il aimait tant, entouré des couleurs de l’automne. Il laisse derrière lui une famille, des employés, des galeristes, des artistes et des amis profondément attristés, mais il laisse aussi une œuvre artistique colossale et colorée d’une profonde joie. Membre fondateur du mouvement Supports/Surfaces, Louis Cane a toujours créé, choisissant ainsi – souvent à contre-courant – sans compromis, le parti de la liberté, de l’intégrité et de la générosité. Louis Cane a choisi dès le début une route personnelle, qui lui aura permis pendant toute sa longue carrière d’artiste d’entamer un profond et sincère dialogue avec les grands peintres. Il disait ainsi « J’ai préféré Cézanne, Monet, Matisse, Picasso, Rodin et Manet, parce qu’ils sont l’expression d’une joie, d’une sensualité, d’une rapidité et d’une générosité créatrices sans pareil. » Ces peintures sont ainsi remplies de poésie, de joie, d’humour et de beaucoup de couleurs, notamment celles des très riches heures du Duc de Berry, car oui, en tant que grand coloriste, il détestait le noir. Car pour lui, la peinture est comme un jeu, comme quand on saute dans une flaque d’eau parce que stationner dans les mêmes parages toute une vie lui semblait être mortifère. C’est ainsi que tout de suite il est aussi sculpteur et que très rapidement il crée du mobilier et des objets décoratifs. Son travail, profondément libre, le fera explorer tous les domaines de l’expression artistique, faisant fi des supports, des textures, des cadres ou des formes. Se baladant avec légèreté de la peinture à la sculpture, déambulant gaiement d’une console en marqueterie courbe à un petit olivier aux milles feuilles de bronze, son œuvre artistique est tout autant pléthorique qu’iconoclaste. Des sujets religieux aux nymphéas, des annonciations aux accouchements, des triptyques de fleurs aux résines, des Sols/Murs aux X dont il disait d’ailleurs qu’ils avaient besoin « de toute la peinture pour être lus et compris dans l’élan et l’ironie dont ils relèvent ». Tout était prétexte à assumer la culture française qu’il aimait sincèrement considérant ainsi avec conviction que l’art est un acte de civilisation. Il s’en va sans aucun regret, sa vie fut le jeu qu’il aura décidé de mener, sans compromis et en parfaite intégrité, il aura jubilé chaque jour dans la grande joie qu’il lui a été donné de pouvoir créer librement. Pascal disait « Deux choses instruisent l’homme de toute sa nature : l’instinct et l’expérience », Louis Cane avait les deux, il était un artiste heureux. Il travaillait ces derniers jours sur le Saint-François qui parle aux oiseaux ; il venait de commencer un nouveau véhicule libello-tracté à la tête duquel l’ange Gabriel partait apporter aux paradis les couleurs à Picasso afin que ce dernier puisse continuer à peindre, il n’y a aucun doute que ce véhicule tiré par de jolies libellules s’arrêtera en chemin pour lui déposer ses palettes.

Famille Cane